En fait, en 1948, le Poney n'était pas sérieusement possible à mettre sur le marché. Cyclomoteur luxueux (on peut même dire précurseur des cyclo-sports Italiens tels qu'ils sont arrivés à la fin des années 50), il était impossible à produire en masse alors que sévissaient encore les pénuries d'après-guerre. Pour avoir le droit d'acheter quelque chose (même pour simplement manger), il fallait obtenir de l'Administration un bon d'achat. Les entreprises devaient demander des "bons-matière" pour obtenir de leurs fournisseurs des matières premières, il fallait se plier à la planification, etc... Ces problèmes n'ont disparu que vers la fin du printemps 1949, où tous les marchés ont été libérés de ces contingences. C'est pourquoi les services commerciaux de Motobécane l'avaient bien mis en valeur sur leur stand au salon d'octobre 49, ils avaient d'ailleurs cantonné dans l'espace invisible du public et seulement accessible aux gens du réseau de vente un drôle d'engin conçu pour satisfaire un cahier des charges de Kaptein (l’importateur Néerlandais) basé sur un cadre de vélo femme d'avant-guerre revu et surdimensionné pour y accrocher un moteur de Poney débarrassé de l'embrayage et de la boite et qui avait déjà été présenté dans une foire agricole batave où il avait rencontré un joli succès. Jaulmes croyait pourtant à ses chances de séduire une partie du public mais les commerciaux avaient été intraitables. Seuls les agent auraient le droit de voir l'engin, puisqu'on voulait les consulter. Oui mais voila, un journaliste ami de Jaulmes avait pu essayer le prototype, et l'essai est paru dans un numéro "spécial salon" sorti dans les premiers jours du dit salon. Et le public s'est rué en masse, revue en main, sur le stand Tobec pour voir cette drôle de "Mobylette". Les commerciaux n'ont eu d'autre choix que de mettre cette bizarre "Mobylette" en vue sur le stand. Et ce fut pire car des centaines, voire des milliers de visiteurs vinrent avec de l'argent pour acheter la chose en souscription. La direction fit mettre en chantier derechef une extension à l'usine pour absorber le surcroit de production et la demande et il ne fut plus question de détourner un seul moteur vers la fabrication de Poney qui n’intéressait plus personne alors qu'on peinait à répondre à la demande de Mobylette. Et c'est ainsi que tristement finit quasi mort-né un petit engin pourtant fort sympathique, mais totalement en décalage avec l'époque.
. A affiner avec nos essences modernes 
